récit de mon marathon 2012

27 mai 2012

Marathon d’Ottawa

Il y a un an, je courrais mon premier marathon à Ottawa. Avec trois demi marathons au compteur, j’étais remplie de toutes les illusions et la naïveté d’une débutante. J’avais prédit un temps entre 4h15 et 4h30 sans penser que mon seul objectif à ce moment aurait dû être de seulement terminer un marathon. Mon corps n’a pas répondu à la hauteur de mes attentes et la déception fut amère. J’ai dit après avoir franchi la ligne d’arrivée que ce serait le seul et unique et que je ne n’allais jamais plus courir cette distance.

Je me demande encore qui j’essayais de convaincre à ce moment là. Probablement ma petite voix intérieure, la pas fine, celle qui me disait : « Laisse tomber, c’est trop difficile et ça ne vaut pas la peine. Pourquoi te pousser à bout comme ça? Si ça servait à quelque chose tout le monde le ferait. » Ce qu’il y a de bien avec cette petite voix là, c’est qu’on est tout seul à l’entendre dans notre tête, et on n’est pas obligé de l’écouter. J’ai défié la mienne. J’ai commencé l’année 2012 en m’inscrivant encore une fois au marathon d’Ottawa pour aller me prouver une chose. Il fallait que je sois certaine d’arrêter pour les bonnes raisons si je prenais la décision de ne plus courir de marathons. Je ne pouvais concevoir d’abandonner après un seul, sur un sentiment d’échec. Je voulais être certaine que je n’étais pas une lâcheuse.

Je me suis présentée le 27 mai au matin, seule, dans la foule qui prenait le départ de cette aventure de 42,2 km. Un numéro parmi tant d’autres. Dans une bulle. Aucune nervosité, pas de pression, même pas excitée. Seulement prête à le faire et me rendre au bout. La température était bien loin de mon idéal pour courir. Il faisait plein soleil et chaud et le risque de déshydratation planait sur tous les participants. Je n’ai jamais bu autant dans une course, ni transpiré autant. Le sel roulait sur ma peau et me brûlait les yeux.

Le premier 10km s’est déroulé à merveille et à une vitesse surprenante. Arrivée à l’arche indiquant la moitié de la distance, j’ai eu une visite de la petite maudite voix qui disait: « Si tu t’étais inscrite au demi, tu aurais fini la grande…» Je lui ai répondu de se mêler de ses affaires et j’ai foncé vers la marque de mon seuil psychologique du 35km. C’est celui là qu’il faut franchir selon moi pour être certain de finir un marathon. Je me suis occupée l’esprit en prenant vraiment conscience de tout ce que je croisais sur mon chemin. J’ai ri en lisant les différentes affiches tenues par les nombreux supporteurs le long des rues. J’ai souri en voyant les costumes de certains. J’ai chanté au son de la musique des dj et des différents groupes installés ici et là. J’ai crié merci aux gens qui nous arrosaient en passant quand le soleil est devenu trop haut et trop chaud. J’ai donné la main aux petits enfants qui offraient leur soutient sur le bord du trottoir. Et je me souviens de tous ceux qui ont pris la peine de lire le nom sur mon dossard et de me crier « You’re doing good Nathalie! » Et j’ai pleuré plusieurs fois.

À 30km, j’ai senti que mon genou gauche commençait à enfler encore une fois et que les derniers 12km allaient faire très mal. C’est là que mon esprit a pris le relais sur mon corps. J’ai éteint mon iPod et je me suis laissée emporter par tout ce qu’il y avait autour pour essayer de faire abstraction du mal. Je ne pouvais pas avoir fait toute cette distance pour me laisser décourager et déconcentrer si près du but. J’aimerais pouvoir dire que c’était facile. J’aimerais pouvoir dire que j’ai profité de chaque kilomètre. J’aimerais dire que je n’ai pas plusieurs fois pleuré d’impatience de voir enfin apparaître l’arche du 40km. Mais je serais une méchante menteuse. Si c’était facile courir un marathon, tout le monde le ferait. Je me suis réconciliée avec mon corps. Je lui en demande énormément, constamment, et je suis très exigeante avec lui. J’ai accepté qu’il m’impose une limite et je suis en paix avec ma décision de m’en tenir à des demis marathons dorénavant.

Vers le 37ième km j’ai entendu crier : Nath! Lâche pas my love! La personne qui comprend pourquoi je fais tout ça sans me poser de question et sans jamais douter de moi, mon confident et souvent mon psychologue sportif, mon meilleur ami et mon Amour, Hugo avait trouvé un petit coin parmi la foule juste au détour d’une courbe. Reconnaître un visage dans une marée de gens anonyme m’a donné un regain d’énergie. La fameuse arche du 40km est finalement arrivée, et j’ai encore une fois pleuré. Des belles larmes de soulagement et de fierté, et j’ai laissé filer les deux petits kilomètres de la fin avec un sourire. Quand le jeune homme qui m’a remis ma médaille m’a dit: « Good job, you deserve this! » j’ai spontanément répondu Oh! I think I do!

J’ai rejoint mon chum, en boitant et me tenant à peine debout, mais en paix avec moi-même. Je sais maintenant que je ne suis pas une lâcheuse. De plus, j’avais de nouveau fixé mon temps espéré à 4h30, et j’aurai finalement franchi la ligne après 4:31:08. Je suis contente. Pendant les jours de récupération qui ont suivi ma course, j’ai tout de même pris le temps entre deux sacs de glace de m’inscrire au demi marathon de Montréal en septembre! Je ne sais pas si j’avais peur de changer d’idée, ou si c’est l’absence de défi qui m’effrayait, mais dès que j’ai reçu la confirmation de mon inscription j’ai poussé un soupir de soulagement. Je pouvais prendre le temps de récupérer tranquillement, un long et bel été d’entraînement se pointait déjà à l’horizon. Je ne serai probablement jamais la plus rapide sur un circuit de course, mais tant qu’il y aura des coureurs derrière moi, je courrai.

Me, My Love & my medal.
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Une réflexion sur “récit de mon marathon 2012

  1. JF

    Bravo Nath,

    ton courage est extraordinaire!!! je suis pas mal fier de toi!!! je cours beaucoup depuis 1 an mais 42 km….je n’y ai jamais pensé sauf avec mon char!!!

    lache pas, moi et Karine on fais le 21km de Montreal avec toi et Hugo et on embarque dans le défi 50/10!!!

    here we go!!

    JF et Karine
    xxxxx

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