Mon alarme sonne à 5h ce matin et je me réveille en sursaut me demandant pourquoi je l’ai réglée si tôt un samedi matin. Puis ça me revient, matin du Triathlon Olympique Esprit de Montréal! Le temps de prendre une bouchée et de mettre l’équipement dans le camion et, Hugo et moi sommes en route.
Plus nous approchons de Montréal, plus le ciel gris se dégage pour faire place au soleil. Nous allons donc avoir une belle journée pour notre course. Notre puce récupérée, le marquage effectué et nos effets installés dans l’aire de transition, nous marchons voir les différents sites de départs et d’arrivées. Réunis pour une petite discussion avec nos supporteurs venus de Trois-Rivières, il est bientôt temps pour moi de me présenter à mon départ de natation. Je ferme mes yeux quelques instants pour visualiser ce que j’ai à faire. Est-ce que je suis prête? Peu importe maintenant. Mon but secret: 3h15 maximum, mais je me promets de ne pas être déçue en bas de 3h30 puisque le vent en vélo est vraiment un épreuve pour moi.
J’effectue une petite nage pour tester l’eau à 70°, et c’est le temps de prendre place pour le signal officiel. Ce sont 208 casques de bain orange qui s’élancent à 10h30 précises, ça en fait de la vague et du remou! Je me fais brasser de tous les côtés pendant un bout mais je me trouve assez rapidement un espace un peu plus tranquille et je nage à une cadence juste assez confortable pour me garder de l’énergie pour mon vrai challenge, le vélo. Je me fais foncer dedans par des nageuses désorientées à quelques reprises mais je suis surprise de la facilité avec laquelle je les repousse, et surtout surprise par mon calme dans les circonstances. 33 minutes 51 plus tard, j’atteins la plage et je monte le grand escalier menant à l’aire de transition, non sans quelques étourdissements qui tardent à passer…

Dans ma transition, je prends mon temps. Je m’assure d’avoir avec moi tout ce qu’il me faut et assez de gels d’hydrates pour ne pas manquer d’énergie durant l’heure qui vient. À l’endroit désigné par les officiels, je saute sur mon vélo et je prends le chemin du circuit Gilles Villeneuve que j’ai bien hâte de découvrir! Le vent est plus que présent, surtout dans quelques courbes et passages plus difficiles. Il y a des endroits où mes jambes d’apprentie n’arrivent pas à tenir la cadence contre les bourasques qui me font perdre jusqu’à 6km/h en quelques secondes! Toutefois, les 9 tours que nous devons effectuer pour cumuler le 40km font en sorte que le trajet est vite mémorisé et qu’il est bien plaisant de savoir ce qui s’en vient devant! Les nuages entrent au dessus de Montréal de plus en plus vite, et j’ai à peine le temps de terminer mon 9e tour qu’une fine pluie se met à tomber. Il m’aura fallu 1:30:01 pour parcourir la distance en incluant les 2 transitions. Je suis de plus en plus confiante d’atteindre mon objectif!

Cette fois-ci, ma visite dans l’aire de transition est très courte! Rien à changer à part casque et chaussures, je m’élance pour la portion finale du triathlon soit 10km qui se font sur 2 boucles autour du bassin olympique. La petite bruine fraîche rend cette course vraiment agréable. Le temps frais et humide empêche la déshydratation et je me sens vraiment bien. Chaque fois que je regarde ma montre, je suis satisfaite de ma vitesse et quoi que légèrement inconfortable, je sais que je peux arriver à la maintenir sur toute la distance. En terminant mon premier tour, j’aperçois ma mère et mes beaux-parents sur le bord de l’arrivée et je leur fais signe qu’il me reste une boucle. Je m’élance. Je viens de réaliser que mon premier 5km s’est effectué sous la barre des 30 minutes. J’accélère un peu. Toutes sortes de pensées se bousculent dans ma tête. Il y a des instants où je n’arrive pas à croire ce que je suis en train de faire! Quelques mètres avant l’arrivée, je réalise que je vais effectuer mon 10km le plus rapide depuis que j’ai entrepris la course à pied il y a 4 ans bientôt. 55 minutes 15 secondes qui m’agrandissent le sourire jusque par-dessus les oreilles! Je passe le fil en célébrant cette petite victoire et la plus grande: celle d’avoir accompli mon premier triathlon olympique avec une aisance qui me surprend encore quand j’y repense! 2:59:07

une fille bien fière d’elle!
Après avoir retrouvé mes supporteurs, j’encourage les autres en patientant pour l’arrivée de mon compétiteur préféré. Je sais déjà que mon homme aura eu beaucoup de plaisir en vélo, et j’ai bien hâte de l’accueillir pour entendre le récit de sa compétition. Il arrive enfin, après avoir tout donné, et franchir le fil en 2h40. Et c’est déjà fini.
Après avoir ramassé tout notre matériel, nous prenons le chemin du retour pour revenir raconter notre aventure à nos fistons qui nous attendent à la maison. Dans la voiture, notre coach nous écrit pour nous donner notre temps officiel et nous féliciter. Je suis tellement contente! Il y a 6 mois, je n’avais jamais nagé, et encore moins mis les pieds sur les pédales d’un vélo de route. Quand je regarde le chemin parcouru durant ces semaines, je suis étonnée de tout ce que je peux arriver à faire, même à 40 ans! Et cette phrase du roman «The power of one» me revient en tête: « Le véritable athlète est le cerveau. Le corps n’est que le véhicule qui sert à accomplir ce que le mental lui demande de faire. Commence toujours avec la tête, puis ajoute le coeur, et tu peux devenir le meilleur nageur, cycliste, coureur… qu’il t’est possible d’être. »