L’habit ne fait pas le coureur

Cette réflexion commence par une petite anecdote. Je suis en voiture avec mes garçons au retour de l’école. Comme à l’habitude, nous croisons pleins de coureurs et coureuses le long de notre chemin. Un homme en particulier retient l’attention des mes fistons avec ses lourds vêtements d’hiver deux fois trop grands pour lui. «Il n’a pas l’air très confortable le monsieur hein maman? Surtout que son grand manteau prend dans le vent…» Et moi de répondre: «Au moins, il court. Peut-être qu’il a perdu beaucoup de poids et qu’il veut se souvenir d’où il est parti. Ses priorités monétaires sont peut-être ailleurs que pour des vêtements. On ne le connaît pas et on ne sait rien de son histoire. Mais on sait qu’il court.» S’en ai suivi un long silence méditatif chacun dans notre bulle.

Je ne cours pas vite. Ce n’est pas dans ma nature. Je n’ai même pas l’esprit de compétition. Seulement la détermination de finir tout ce que j’entreprends. J’ai longtemps pensé que je valais moins ques les coureurs que je côtoyais dans les divers marathons et défis auxquels j’ai participé. Après 5 ans, je me sens encore comme une humble débutante. Mais je suis maintenant en paix avec ce à quoi je ressemble quand je cours. Parce qu’au-delà de ce que je porte quand je cours, il y a ce que je transporte avec moi. Mes raisons, mes doutes, mes craintes, mes réflexions, mon essence, moi. C’est la seule chose dont on devrait se soucier. Pas comment je cours. Pas de quoi j’ai l’air quand je cours. Pas la distance que je parcours. Pas la vitesse à laquelle je cours. Seulement apprécier d’être en train de courir.

John Bingham est un auteur et un chroniqueur au magazine Runner’s World. Il croit que les buts premiers d’une course sont d’avoir du plaisir et de finir, bien avant de viser courir rapidement. Il a complété plus de 40 marathons et plusieurs courses dans sa vie, et il est un modèle positif pour tous les coureurs débutants. J’aime bien cet extrait d’un de ses écrits:

“Si tu cours, tu es un coureur. Peu importe la vitesse ou la distance. Peu importe si aujourd’hui est ton premier jour ou si tu le fais depuis 20 ans. Il n’y a pas d’examen à passer, pas de licence à te procurer, pas de carte de membre à payer. Tu cours, simplement.”

L’habit ne fait pas le coureur. C’est la course qui le fait. En vêtements techniques dispendieux ou en vieux linge mou. Rempli de gadgets électronique ou libre comme l’air. Avec les genoux qui montent très hauts, les pieds qui trainent ou sortent de chaque côté. Les bras fléchis, les poings serrés, les mains qui pendent ou les poignets cassés. Le corps droit ou trop penché. En souriant, en chantant, et même en pleurant.

Quand vous croiserez un coureur, souvenez vous que les apparences sont souvent trompeuses. Si cette personne a quitté le confort de son divan pour sortir courir: c’est un coureur. Simplement.

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29 réflexions sur “L’habit ne fait pas le coureur

  1. AnneMarie

    Wow, félicitations pour ton blog que je découvre à l’instant. Et ce texte me rejoint beaucoup ! Pour la petite histoire, je cours depuis l’été 2011, je suis partie de rien , vite essoufflée, pas en forme….et j’ai tenu bon. Et j’ai eu la piqûre. Voilà que je me prépare à courir mon premier marathon complet , le 4 Mai à Vancouver…pour mes 50 ans !!! Je n’en reviens encore pas de tout le chemin parcouru, et je suis si fière.. Même si le défi est démesuré, je compte bien aller jusqu’au bout de ce que je peux donner, et on verra bien. En tout cas, merci pour ce texte, la course est un sport extraordinaire qui nous rend meilleur, tant physiquement que mentalement. Juste courons pour le plaisir de vivre intensément, peu importe le temps, la distance. Et de toute façon , on ne peut que s’améliorer 🙂

    1. agirlrunning

      Bravo Anne-Marie! Je te souhaite une belle et intense aventure! Je me souveins de l’émotion de mon premier demi, puis mon premier marathon… Des souvenirs extraordinaires que je transporte avec moi depuis! Merci de me lire et de prendre le temps d’échanger avec moi! Un petit clin d’oeil occasionnel comme le tien me dit que je ne fait pas tout cela pour rien! Bon entraînement et surtout: bon accomplissement!

  2. René Jérôme

    Voici une thématique que j’aime, je suis coureur depuis mon enfance, mais actif seulement depuis avril 2010. quand j’ai commencer a courir, je me rappelais souvent que j’aimai cela quand j’étais jeune. je ne sais pas si c’est un manque dans ma vie, l’embonpoint que je supportait a chaque jours ou une autre raison qui m’a décidé a me mettre a la course. peu importe. je ne suis pas un coureur de vitesse, mais je cour a mon rythme. j’ai eu une évolution dans mon cheminement que je qualifie d’assez extraordinaire. la première année, je me félicitais d’avoir réussis mon premier 10 km. l’année suivante, j’ai passé au Demi-Marathon. l’engouement de la course venait de prendre sa place dans ma vie. aujourd’hui, je réussis a courir, malgré que je suis encore en surplus de poids, 4 marathon par année. ma santé c’est grandement amélioré et mon poids baisse un peu a tout les mois. mes temps ne sont pas extraordinaire. je suis au de la du 4 heure pour un Marathon. mais j’aime ce que je fait et la façons que je le vie me conviens parfaitement. Je ne serai jamais un super athlète mais, j’aime mieux avoir du plaisir a courir plutôt que de courir après le temps. c’Est ma façons de voir les choses. il y a de plus en plus de gens qui s’adonne a ce sport et c’est une bonne chose. a ceux qui commence et qui sont timide, on est tous passé par là, alors… que dire de plus que Go, allez y !!

  3. Stéphanie

    J’ai commencer a courrir l’an dernier … Arrêter non pas parce que je n’aimais pas ça mais plutôt parce que j’avais l’impression d’être nulle et de ne pas courrir assez vite! Idiot mais vrai. J’ai décider de recommencer sans compter le temps ou les calories… Pas facile! Mais merci. Merci beaucoup ! Je suis une coureuse!!!
    Merci pour votre blog c’était exactement ce qu’il me fallait!

  4. Justine

    Je me suis toujours soucié de ce que j’avais l’air en courant. J’étais gêné d’aller courir car je correspondais pas au « vrai » coureur. J’étais apeuré de sortir de chez moi et affronter la critique et les regards des autres avec mon kilos en trop. Je ne sais plus combien de fois j’ai dis a mon chum pour me convaincre « attention toutoune va courir avec son linge mou. » Mon Dieu ce que ce texte me ramène a l’essentiel des vraies raisons pourquoi je cours. J’ADORE ce texte. 😉

  5. Annie M.

    Merci, c’est super encourageant de te lire, je cours depuis moins d’ un an…je vais tenter mon premier 10 km le 1er juin à Carleton.. je ne cours pas vite mais je suis persévérante et déterminée, et courir me fait du bien, au corps, au moral et au coeur! Bonne course à tous!

  6. France : Merci pour ce texte avec les mots et sentiments juste ..cela fait du bien de les lire , relire et se les rappeller au coeur et intelligence 😉 . Je nous souhaite de garder pour longtemps notre coeur d’ enfant ..tu sais celui qui quand il prend son élan pour faire l’ avion ou un grand saut en parachute imaginaire sur le bout de la galerie ..y conserver ce même plaisir de notre participation à une toute première course ainsi qu’ au passage du fil d’ arrivée …Bonne saison de courses en 2014 à vous tous amies amis coureurs 🙂 😀 🙂 et spécialement toi la fille qui court 😀 !!!

  7. Elisabeth

    Je ne suis pas coureur et même pas sportive du tout. Ce texte ma’ touché cependant. Nous portons souvent jugement sur les actions des autres; que ce soit la course ou autre chose. Dans ce texte ma vision ne s’est pas limitée à seulement la course mais à tout ce que nous entreprenons, toutes nos actions qui nous valent souvent le regard des autres. Mais l’essentiel c’est bien  » de se lever de son divan » et d’agir. Bravo à tous ceux qui portent action au quotidien quel que soit leur façon de faire. La critique est facile, l’action demande un effort.
    Merci de partager cette belle réflexion.

  8. Nathalie

    J’étais avec un groupe de coureurs et j’avais la trouille de courir parce que je n’étais pas bonne comme les autres. Un jour, une femme qui courait à peine à un pied devant moi m’a dit : «Moi aussi j’ai déjà été la dernière, mais ne t’occupe pas de ça. Tu vas voir ça va devenir plus facile.» J’ai tellement apprécié son commentaire… Elle n’avait pas le physique d’un coureur, mais je l’admirais de s’être levée de son divan. Il faut se convaincre que ce ne sont pas que les autres qui regardent notre façon de courir, mais plutôt nous qui nous mettons des barrières… C’est le temps de courir par-dessus !

  9. Marie-Eve

    En lisant ce texte, je me rend compte que  »Je cours et que je suis une coureuse ». Je le fais à l’occasion, l’été, quand ça me tente. Je me rends fière de compléter mon 5km à chaque fois, mais maintenant je vais courir en me disant que je suis une coureuse et non plus combien de mètres il me reste à parcourir !

  10. Fannie

    Le syndrôme de l’imposteur!!! C’est comme ça que je décris le sentiment si bien exprimé par l’auteure de cet article. Moi aussi malgré les années je reste derrière la plus grosse partie du ploton! Il me semble que je souffre toujours plus que les gagnants et je me flagèle de mauvais mots alors que je suis moi aussi une coureuse bon! Je souffre plusieurs minutes de plus qu’eux en plus! Comme si ça ne me suffisait pas, j’ai le culot de m’enligner pour mon premier Triathlon dans qq mois! Le mental est primordial, soyons bonnes pour ce corps et cet esprit qui, déterminés, se lève et va bouger pour se dépasser!!!

  11. Marie

    Merci pour ce blog! Ça me fait du bien de lire ces mots et ça enlève les préjugés qu’on a parfois envers nous-mêmes et les autres! Je vais arrêter de me comparer ou de calculer, mais juste me dire « wow Marie, tu as enfilé tes chaussures et tu es sorti courir avec le sourire! »

  12. Caroline

    Merci!! ça fait du bien!! courir ça m’apprend à regarder droit devant moi au lieu de par terre…ça aide à avoir une meilleure estime de soi.

  13. Marc-André

    Bravo pour ce texte. J’ai découvert votre blogue ce matin et je n’ai pas arrêté de le parcourir. Je suis un coureur depuis moins d’un an. J’ai perdu 105 livres depuis juillets 2013, alors je suis de ces coureurs qui ont du linge beaucoup trop grand pour moi. Ça m’Arrive de me faire regarder de travers car je ne cours pas vite, mais plus souvent les gens m’encourages. La communauté des coureurs sont conscient de l’effort. Merci pour ce texte et j’ai déjà hâte de te relire.

  14. Thérèse

    J’ai dans la soixantaine et je coure, pas vite, mais je coure, pas de longues distances (10 km, quand même ) mais je coure et c’est ce qui me permet de ne pas chavirer depuis que mon chum est décédé depuis bientôt 5 ans.

  15. Juliette

    j’ai commencé à courir l’an passé à 56 ans . Des 5km ( dans ma catégorie je me suis même classée première et 2 ième sur des groupes de 15 personnes ou plus), un 10km et le défi des escaliers de Québec . J’ai entraîné dans ma folie plusieurs personnes et cette année mon fils cour avec moi et on fera un 21 km (demi) en septembre. Fière de contaminer les gens….à bouger!

  16. Marie -Josée

    La première fois que j’ai couru un 2….. Un 2 minutes, m’ai failli mourir . C’était un cas de 911… 3 ans plus tard je suis inscrite à un défi de course, Toronto – trois-rivières cet été !!!! Je ne cours pas vite. Mais je trippe…. Je savoure la chance que j’ai de pouvoir le faire!!!! Merci pour le texte! Je m’y suis tellement reconnue!!!!

  17. maya

    je cours depuis octobre 2013, de une à trois fois par semaine…5km, pas plus, seule, en silence, le soir et respirant l’air frais souvent froid. Cette semaine j’ai couru pour la première fois au soleil, à la vu et au sus de tous, mais surtout avec ma fille de 11ans qui durant cette demie heure de course me racontait ses histoires d’école, d’examen, d’amies… ce ne fut pas seulement de courir, mais un moment précieux partagé avec ma fille… 🙂

  18. Guylaine

    Je me souviens la première fois que j’ai fait une course officielle de 5km, c’était en 2012… le feeling au fil d’arrivée. Jamais je n’avais vécu ça! Que j’étais fière de moi. Depuis, je cours… Cette année, ce sera mon 2e demi-marathon. Quelle belle expérience de courir parmi cette foule « boustée » d’énergie! Continuons de courir, simplement, à notre rythme et surtout, avec le sourire!

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