Idée folle et tête de cochon

Je ne suis pas une nageuse, ni une cycliste, ni une coureuse. Je suis une fille qui nage, une fille qui roule, une fille qui court. On dirait que c’est pareil, mais c’est très différent. Je n’ai ni la morphologie ni la génétique pour ces disciplines. En fait, je n’ai même pas l’air d’une athlète et je n’excelle dans aucun de ces sports. Ce que j’ai, c’est des idées folles et une tête de cochon.

C’est une idée folle qui m’a amenée au Ironman 70.3 de Tremblant le 22 juin, ma tête de cochon qui m’a fait avancer d’une épreuve à l’autre, et qui m’a fait sprinter au fil d’arrivée. Quand on y réfléchi bien, c’est une idée folle de s’entraîner des heures par semaine pendant des mois dans 3 disciplines différentes dont deux complètement nouvelles pour moi. Une idée folle de faire dans la même journée 1,9km de natation dans un lac froid, 90km de vélo dans les montagnes et 21,1km de course au gros soleil, le tout bout à bout. Et pourtant je l’ai fait.

Maintenant, on me demande comment j’ai trouvé l’expérience et je ne suis pas certaine quoi répondre. C’est un gros mélange d’émotions contradictoires. La fierté de l’accomplissement et la déception du temps pour le réaliser. La satisfaction d’avoir bien géré les côtes en vélo et la frustration envers mon corps qui m’a un peu laissée tomber au km 77. Savoir que je suis capable de faire une compétition aussi exigeante et réaliser que c’est vraiment difficile quand on découvre ce sport à 40 ans plutôt que dans la vingtaine. Je dois toutefois être honnête, il y a beaucoup plus de souvenirs positifs dans cette expérience. La beauté du Lac Tremblant à 7h le matin avec la petite brume qui le couvrait. Les paysages incroyables le long du parcours de vélo. La gentillesse des bénévoles tout le week-end. La foule dans le village aux derniers 200m. Avoir réalisé le tout en compagnie de mon complice de toujours, mon Hugo. Je dois lever ma casquette bien haute aux athlètes dont les performances m’impressionnent au plus haut point sur un parcours exigeant comme celui de Tremblant. C’est avec beaucoup d’humilité que j’ai partagé le même circuit que vous. Je vous ai regardé accomplir vos objectifs avec une aisance et une rapidité que j’ai beaucoup envié. J’ai eu beaucoup de temps pour me demander dans quoi j’avais bien pu m’embarquer. Dans quelle idée folle…

La poussière retombée, je vis une sorte de deuil. Je sais que je dois à mon corps un moment de repos. C’est bien la moindre des choses après l’année que je viens de lui faire vivre. Mais je sais que je devrai me fixer un nouvel objectif bientôt. J’ai ce sentiment de vide qui m’habite et qui arrive inévitablement après l’atteinte d’un but. Il y a une grande euphorie et un grand trou en même temps. Un peu comme l’attente de Noël quand nous étions enfant, se réveiller le 25 décembre tout excité et se rendre compte le lendemain que c’est passé trop vite finalement. Plusieurs personnes m’ont demandé si j’avais réussi à terminer. C’est dire combien je n’ai pas l’air d’une athlète! Et oui, j’ai bien franchi le fil, longtemps après avoir commencé. Sans pause du midi, sans break syndical et sans discussion inutile à côté de la machine à café. Toutes ces minutes, ces kilomètres, ces heures, je les ai passés entourée mais seule, à travailler aussi fort mentalement que physiquement. Jamais ma tête de cochon n’aurait accepté l’ombre de l’idée d’abandonner en cours de route! Il y a eu négociations et entente entre mon cerveau et mon corps quand celui-ci a commencé à démontrer des signes d’inconfort douloureux, mais baisser les bras n’a jamais été une option. J’ai fini bien loin derrière et bien tard, mais j’ai fini.

Et maintenant? J’aimerais dire que mon orgueil en a eu assez et que je me suis prouvé ce que j’avais à me prouver. Mais je m’excuse à l’avance à mes enfants qui endurent mes entraînements, à tous ceux qui m’appuient et me supportent car je sais que la prochaine idée folle ne tardera pas à se pointer. Celle à laquelle ma tête de cochon ne pourra résister…

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4 réflexions sur “Idée folle et tête de cochon

  1. Plusieurs mots me viennent à l’esprit ; courage, détermination, volonté, exploi, sur humain, modèle, inspiration et je pourrais continuer encore longtemps! Bravo !!!

    Signé, une femme qui souhaite un jour réussir un tel exploi!!!

    Mona

  2. Annie B ergeron

    Après un an d’entrainement j’ai fait mon premier demi-marathon à 39 ans. Merci. Tu as mis des mots sur ce que je vis présentement. Une tête de cochon. Un grand vide et un sentiment d’euphorie. Une prochaine idée folle qui.se pointera. Merci. Tu es une grande inspiration et moi non plus j’ai pas l’air d’une athlète! Merci.

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