Je suis craquée. Au milieu de la quarantaine et plus que jamais je le ressens. J’ai l’intérieur fêlé, fragile. Ce n’est pas une plainte, et je n’ai pas le besoin de me faire demander ce qui ne va pas. En fait, tout va et rien ne va en même temps. Je suis simplement prête à enlever mon costume de «fille forte pleine de projets pour qui tout est facile». Chaque jour et de plus en plus fort, j’ai envie de me redonner le droit d’être moi avec toutes mes parfaites imperfections. J’ai besoin de gentillesse, de douceur, de ralentir le temps.
J’avais choisi ce costume, il ne m’a jamais été imposé. L’orgueil mal placé me dictait qu’il vallait mieux faire semblant d’être forte jusqu’à y croire plutôt qu’admettre être vulnérable. Être forte devant la famille, devant les enfants, au travail. Dans une société axée sur la performance, j’ai fait des choix sans me respecter pour sauver les apparences. Pendant plus d’une décennie, j’ai multiplié mes participations à divers défis sportifs. J’ai surveillé mon alimentation, je me suis bien entraînée et mon corps était en pleine forme. Je me suis aussi investie dans divers projets. Devenue la reine de la gestion d’agenda chargé dans lequel il n’y avait aucune case vide mais toujours de la place pour y ajouter un petit quelque chose, j’ai simplement fini par me perdre. Éparpillée mentalement et émotionnellement, j’ai oublié le fameux principe de la qualité avant la quantité.
Depuis plus d’une année maintenant, je suis à restaurer mon fragile équilibre. Je reviens à l’essentiel. Le plus grand lâcher-prise dans ma nouvelle aventure ne concerne même pas les projets auxquels j’ai choisi de mettre un terme. Le plus difficile est d’oser aller à l’encontre des attentes des autres envers moi. L’attente du prochain projet, du nouveau défi, du fait que je ne pourrai pas selon certains rester tranquille bien longtemps. Pourtant, tranquille, je le suis de plus en plus.
C’est en m’arrêtant plus souvent que j’ai découvert mes craques. Je suis remplie de morceaux rafistolés, résultat des bouts de vie plus difficiles passés sous silence, des peines, des deuils, du manque d’assurance qui épuise et des choix faits sans m’écouter. Ce n’est rien de rare, en fait je crois même que c’est assez répandu chez l’humain. En prendre conscience a simplement réveillé un grand instinct protecteur en vers moi-même, l’envie folle de faire du bien à mon corps et ma tête pour que mon âme ait envie d’y demeurer, calme et heureuse, longtemps.
Un article sur l’art du kintsugi a attiré mon attention récemment. C’est une philosophie japonaise dont le nom veut dire “réparation en or” et qui consiste à littéralement réparer un objet cassé avec de l’or liquide ou une laque recouverte de poudre d’or. Cet art prend en compte le passé de l’objet, son histoire et donc les accidents éventuels qu’il a pu connaitre. Le fait qu’une pièce de céramique soit cassée ne signifie pas sa fin ou sa mise aux poubelles, mais un renouveau, le début d’un autre cycle et une continuité dans son utilisation. Il s’agit donc de ne pas cacher les réparations, mais de les mettre en valeur avec fierté.
Cette découverte m’a profondément émue. L’idée me plaît de mettre fièrement les cassures à l’avant plan pour ce qu’elles sont, des expériences qui m’appartiennent et qui ont modelé qui je suis aujourd’hui. J’aborde avec curiosité ce renouveau, la continuité de ma vie en constante transformation. À partir de maintenant, j’ai une nouvelle image pour la personne usagée que je suis, celle d’une oeuvre d’art à chérir comme un trésor.

Wow Nathalie!
Quel beau moment j’ai passé à te lire…
Tu composes magnifiquement bien. C’est tellement vrai ce que tu écris et ça me rejoint totalement. La vie est trop courte pour s’étourdir, savourons chaque instant en pleine conscience.
Au plaisir de te relire bientôt!
Passe une belle journée!
Merci de me lire et de me partager ta gentillesse xxx
Allo Nathalie
Tu es très inspirante et tu nous fais du bien en nous partageant les pages de ta vie .
Merci
Que la vie te soit douce
France xxx
Comme c’est gentil, merci xxx
C’est tellement bien écrit et ça va sûrement en interpeller plusieurs.C’est remplie d’authenticité! Merci!