«Tu ne peux pas être heureuse tous les jours Nath, ça prend des jours de merde. Les journées qui dérapent font apprécier encore plus les journées qui vont bien.» Ça, c’est une réflexion de l’ancienne moi, celle d’il y a quelques années. Celle qui existait avant. Avant l’apparition de l’envie folle de comprendre comment fonctionne ma vie. La Vie. Avant de comprendre pour vrai que le nombre de minutes dans une journée est trop limité pour toutes les perdre à ruminer sur les événements moches. Avant d’accepter de me laisser surprendre par le bonheur, souvent.
Il arrive d’où le bonheur? À force d’entendre le gens poser la question, et de me poser la question à moi-même, j’ai eu l’envie d’essayer d’y répondre un matin. J’ai réalisé que l’idée que j’en ai est naïve et enfantine. Pourtant s’il y a une fiche nutritionnelle des gens heureux, j’aime que ma façon de voir les choses me serve à combler mon pourcentage de l’apport quotidien recommandé en bonheur. Quand j’étais petite, j’aimais comme bien d’autres enfants sortir à l’extérieur pour souffler des bulles de savon. J’adorais les voir s’envoler et miroiter de toutes les couleurs dans la lumière. J’avais aussi énormément de plaisir à les pourchasser pour les faire éclater. Je me souviens de la satisfaction de réussir à produire une bulle géante, et du sourire que générait toute une grappe de bulles minuscules.
C’est comme ça qu’il arrive pour moi le bonheur, chaque jour, par bulles de tous les formats. Des petites bulles en forme de café avec une amie, d’un sourire sincère ou d’un lever de soleil magnifique. Des grosses bulles en forme de réalisation d’un nouveau projet, d’un cadeau inattendu ou d’un voyage en amoureux. Les bulles flottent autour de nous et passent leur chemin, attendant discrètement que nous prenions le risque de les faire éclater. Le risque?
Certainement. Puisque depuis que je me suis donné la mission de les faire exploser le plus souvent possible, j’ai dû apprendre à vivre avec la conséquence de mes actes. Je suis plus heureuse. Pas à temps plein, pas toujours pour longtemps, mais plus souvent. Le Bonheur et moi, on s’envoie un clin d’oeil régulièrement dans une espèce d’entente de relation non exclusive. J’ai aussi besoin d’un espace pour la peine, la déception, le doute et la frustration mais de moins en moins intensément. Je suis toujours à l’affût des instants de joie. Les bulles sont peut-être transparentes mais croyez-moi, j’ai l’oeil!
Alors si vous me le demandez, ne soyez pas surpris lorsque je vous répondrai que selon moi, le bonheur c’est simplement de «péter sa bulle» plusieurs fois par jour.