Est-ce que ça existe vraiment la «mission de vie»? Parce que si c’est vrai, je me questionne souvent sur la mienne en vieillissant. Qui je suis pour moi-même et pour les autres, qu’est-ce que je suis venue faire sur la terre, est-ce que je suis sur mon «X»?
Parce que tout évolue à une vitesse étourdissante autour de nous. Les technologies sensées nous simplifier la vie nous apportent des nouvelles sources de stress. Le monde virtuel capable de nous relier aux gens qui sont loin nous isole de ceux qui sont à côté de nous. Malgré toute cette évolution, cette innovation, et derrière toute cette ébulition, nous sommes encore là. Je me demande souvent quelle sera la place de l’humain dans tout ça. Existera-t-il toujours un équilibre entre la technologie et les coeurs qui battent? Serons-nous encore la matière première de la vie?
Je l’avoue, je suis une romantique nostalgique de la beauté tangible. Le poids d’un roman entre mes mains et l’odeur de l’encre sur la papier me procurent un sentiment de bien-être profond que jamais une liseuse électronique ne saurait remplacer. M’asseoir pour écrire une lettre ou une carte à la main, et l’excitation de la poster pour surprendre quelqu’un est un petit bonheur qu’aucun courriel ne pourrait égaler. Prendre le temps, avec un bon café, de simplement regarder un coucher de soleil me fait me sentir tellement connectée à la terre et à la vie qu’aucune séance de voyeurisme facebook n’arriverait à m’arrimer autant au moment présent. Dans quelques générations d’ici, est-ce que tout ça sera encore possible?
Le 26 août était l’anniversaire de mon grand-père, il aurait eu 101 ans. C’était un poète qui sans même avoir fréquenté l’école plus loin que ses quatorze ans, a publié neuf recueils de poésie et d’histoires. Sa plus grande source d’inspiration venait des humains de son village de bord de mer et de toutes leurs expériences de vie. Il a été mon correspondant pendant de nombreuses années. Suite à son décès, j’ai mis des mois à arrêter d’attendre de trouver une lettre parmi les factures et les circulaires. Une lettre qui faisait de moi autre chose qu’un numéro de compte client. Une lettre qui donnait une importance à une fille souvent perdue simplement parce que quelqu’un avait pris le temps de s’asseoir pour écrire chaque mot pour elle. Des mots à l’encre noir qui avaient ensuite parcouru des milliers de kilomètres dans leur écrin cacheté et que je déballais comme un cadeau précieux. Un petit geste anodin, privé mais combien important dans mon univers.
J’ai décidé pour sa fête de partager un poème de Pépé publié en 1978. Parce que quarante ans plus tard, son questionnement toujours d’actualité me fait réaliser que j’ai envie que cette quête de sens ne disparaisse jamais. J’aime reconnaître l’importance de chaque personne qui touche ma vie. Et j’ai envie de savoir que mois aussi je suis utile.
Bravo Nath. Tu as un talent merveilleux ! Félicitations.
Merci Nicole