Samedi dernier, j’ai assisté aux funérailles d’une belle tante, d’une femme à la vie très spéciale. Tout un groupe d’humains rassemblés au même endroit ont dit adieu à une mère, une mamie, une tante, une sœur, une amie. Une cérémonie funéraire parmi toutes celles qui ont lieu dans une année, avec toutefois un moment auquel je pense souvent depuis une semaine.
Durant l’oraison funèbre, la célébrante nous a invités à réfléchir à la vie de ma tante en termes de pièce de théâtre. Elle nous a rappelé plusieurs moments marquants en comparant tout ce qu’elle a vécu au premier acte d’un spectacle. Le deuxième selon elle est celui qui commence au moment de notre mort. Il consiste en lots de souvenirs que la personne décédée laisse dans nos mémoires et que nous continuons de faire vivre à travers nos discussions quand nous nous rappelons de l’être qui nous a quitté. C’est un résumé assez simpliste, mais là n’est pas le moment fort. Elle avait seulement mis la table pour un geste dont j’étais témoin pour la première fois lors de funérailles.
À ma grande surprise, elle nous a demandé de nous lever. Avec l’image du rideau tombé juste avant l’entracte, elle nous a invité à applaudir la performance. Je n’oublierai jamais cet instant. Dans la petite chapelle d’un centre funéraire de Québec, ma tante a reçu un « standing ovation » pour l’œuvre de sa vie. J’ai assisté à plusieurs cérémonies funéraires dans ma vie, mais c’était la première fois que je ressentais un tel mélange de tristesse et de bonheur en même temps. J’ai vécu un gros « wow ». J’ai plus tard repris le chemin du retour avec comme toile de fond un incroyable coucher de soleil et des kilomètres de réflexion.
Depuis, il y a un petit coin de mon cœur un peu plus en paix. J’ai repensé à ceux et celles qui sont partis trop vite de ma vie et qui vivent maintenant à travers mes souvenirs. Je me suis permis d’applaudir leur vie en pensée et étrangement, j’ai senti des lourdeurs intérieures se dissiper. Le processus de deuil est bien personnel à chacun, mais cette image de célébration et d’appréciation m’a rapprochée d’une nouvelle acceptation du passage inévitable de la mort.
Pleurer ce qui n’est plus a été remplacé par célébrer ce qui a été.
Me reste maintenant l’envie féroce de m’assurer de profiter de chaque scène et de chaque réplique de mon premier acte.