La clochette et le grelot

Cette année, pour une des rares fois, j’ai eu le goût d’un souper traditionnel la veille de Noël. Le souper de dinde avec de la sauce, de tourtière et de bûche au dessert. La pile de manteaux sur le lit et les bottes entassées dans le bain. Une deuxième table au salon, du monde assis partout et des jeux rigolos ponctués de bons fous rires et de folies.

Durant la soirée, j’ai pris le temps de raconter à ma famille réunie, mes souvenirs de Noël dont ils font partie. Je suis remontée loin dans le temps et j’ai évoqué des histoires d’enfance qui ont réveillé la mémoire de chacun. Puis, j’ai partagé mes souvenirs plus récents, créés avec mes enfants. Comme cette histoire. Quand mon plus vieux avait 3 ans, il affectionnait particulièrement une armoire chez mes beaux parents qui contenait une petite collection de cloches et clochettes. Il fallait s’assurer après chaque visite de remettre en place les items qu’il aurait bien voulu ramener avec lui. Jusqu’au jour où nous avons retrouvé, une fois revenus à la maison, une petite clochette de bronze bien cachée au fond de sa poche. Nous avons tenté de lui faire la morale, mais il était tellement fier d’avoir sa petite cloche à lui, et son sourire était si contagieux, que nous l’avons finalement conservée. Chacune des 10 années depuis, elle a sa place au bout d’une branche de notre arbre de Noël. Et chaque fois que nous l’accrochons, je ne peux m’empêcher de sourire en repensant à ce tout premier crime de mon fiston, au fameux vol de la clochette !

Ce souvenir, ainsi que tous les autres racontés durant la soirée, avaient tous un point en commun. Je me souviens du moment, du contexte, de l’émotion, mais pas des cadeaux déballés. Pourtant, il devait y en avoir, et certains sûrement dispendieux. C’est pourquoi cette année chez nous, en dessous du petit sapin, il n’y avait pas de pile de cadeaux. Que des histoires pour nous rappeler que les gens seront toujours plus importants que les présents. J’ai remis à chaque personne une petite clochette, un grelot, symbole parfait de la magie des fêtes, avec le souhait que chaque année au moment de l’accrocher à l’arbre de Noël, il réveille l’envie de chacun de se créer des nouveaux souvenirs. Les objets s’usent et finissent par être jetés. Les souvenirs restent au fond des cœurs et renaissent chaque fois qu’ils sont racontés.

C’est là où arrive le parallèle avec la course. Il y en a des kilomètres et des minutes accumulés à la fin d’une année. Associé à plusieurs de ces sorties, en entraînement ou durant des événements, il y a une foule de souvenirs. Des moments, des contextes et des émotions. J’accorde souvent trop d’importance à ma vitesse, à ce que les autres coureurs peuvent penser de moi, à ce que je devrais porter, ou à la montre dernier cri que les magazines disent qu’il faudrait me procurer. Pourtant, les vêtements s’usent et les gadgets finissent par être remplacés. Mais le plaisir de courir me rempli le cœur de souvenirs.

Cette année, dans mon sapin, tout prêt de la clochette, il y a un grelot sur lequel est noué un lacet de chaussure de course. Un symbole de mes efforts, de mes réussites et de mes apprentissages. Je me fais ce souhait:  que chaque année, quand viendra Noël et que j’accrocherai ce grelot à l’arbre, je puisse m’asseoir et me remémorer les souvenirs que de course en course j’aurai su me créer.

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