The girl and the bird

Life is a rodeo

Life is a rodeo.

Dreams are untamed horses.

You can go for the lazy, the easy to catch horse. You will participate but never stand a chance at the ribbon. The wildest the horse, the craziest the dream, the biggest your chances are at success.

Go for the wildest stallion and be ready.

It will bite you and kick you before you have a first shot at mounting it.

Then when you ride the beast, grit your teeth for it will send you flying.

You will fall, time and time again, and while you are crying in the dirt, it will flare its nostrils at you without guilt. It will look down on you and dare you to come try again.

Then it’s up to you. The rodeo is ongoing.

You decide if you go for the easy ride in the sunset bathed field.

But the wild horse is beautiful. Its coat shines and you can see the muscles quivering with the anticipation of the next meet. You get up, dust yourself up and call  «Come here boy, the next round is mine.» You go at it again, you lose many, you win some.

One day, you are getting the ride of a lifetime and hanging on by a thread when you hear a rumble. You realize it’s the roar of the crowd. You did it. You are bruised, humbled, and stronger than ever. But you are riding the wildest horse. You tamed the scariest most glorious dream beast. The both of you are riding as one, you are it, it is you.

You are the rodeo champion.

____________________________________________

La vie est un rodéo.

Les rêves sont des chevaux sauvages.

Tu peux choisir le cheval paresseux, facile à attraper. Tu vas participer mais tu n’auras aucune chance de gagner le ruban. Plus le cheval est fringant, plus le rêve est fou, plus grandes sont tes chances de succès.

Choisis l’étalon le plus sauvage et sois prêt.

Il te mordra et te rueras de coups avant que tu aies une première chance de le monter. Quand tu chevaucheras la bête, serre les dents car elle te jettera par terre. Tu tomberas encore et encore, et pendant que tu pleureras dans la poussière, elle te jugera sans culpabilité. Et elle te mettra au défi de revenir essayer.

Ensuite, c’est à toi de décider. Le rodéo, lui, continue.

Tu décides si tu te résignes à la balade facile dans le champ au coucher du soleil. Mais le cheval sauvage est magnifique. Son pelage brille et tu peux voir ses muscles frémir à l’anticipation de la prochaine rencontre. Tu te lèves, tu te secoues et l’appelle « Viens, la prochaine ronde m’appartient. » Tu recommences, tu perds souvent, tu gagnes de temps en temps.

Un jour, tu te fais brasser de tous les côtés et alors que tu ne tiens sur la bête que par l’espoir, tu entends un grondement. Tu réalises que c’est le rugissement de la foule. Tu l’as fait. Ton corps est meurtri, tu es plus humble mais plus fort que jamais. Tu chevauche le cheval le plus indompté. Tu as apprivoisé la bête la plus effrayante et la plus magnifique. Vous ne faite plus qu’un tous les deux, tu es elle, elle est toi.

Tu es le champion du rodéo.

Vivre ou être en vie?

Être en vie ou vivre.

Vivre ou Être en Vie.

Quelle est la différence?

Nathalie, connais-tu la différence?

Vivre. Le miracle physique.

Je le sais. Je le ressens.

Le rythme changeant de mon cœur.

Le souffle qui comprime et distend ma poitrine.

La sensation des saisons sur ma peau.

Ce que je touche, ce que je sens, ce que je goûte, ce que j’entends.

L’expérience corporelle de vivre.

Être en Vie. Ce que je fais du miracle de vivre.

Ce que je choisis ou non.

Comment j’honore chaque jour le miracle.

Et la peur qui vient avec.

Celle qui prétend nous protéger du pire.

Celle qui nous vole le meilleur.

Celle que je regarde dans les yeux le plus souvent possible.

La peur paralysante que je transforme en action.

Mes actions qui enrichissent mon expérience terrestre.

Être en Vie.

Savoir que j’ai un passé qui n’est pas un endroit où vivre.

Savoir d’où je viens simplement pour les apprentissages.

Pour me connaître. Pour me comprendre.

Habiter mon présent avec son lot de défis.

Prendre le taureau de mon futur par les cornes.

Dompter les bêtes de mes peurs.

Refuser de les laisser gagner.

M’assurer que mon Être est en Vie.

Vivre est le miracle. Être en Vie est le choix.

Être en vie ou vivre.

Vivre ou Être en Vie.

Tu connais la différence Nathalie.

Quel est ton choix?

27 juillet 2023

La Princesse au gâteau

La scène :
8h30, mardi matin pluvieux.
Café Morgan, centre-ville de Trois-Rivières.
L’heure de pointe des passants du matin est terminée.
Mon roman, mon Américano allongé et moi avons le café juste pour nous.

Entrent un papa et sa petite fille. Je fais dos au comptoir. Ils ont la voix heureuse.
Et dans ce café désert, la fillette choisie de s’installer à la table juste à côté de la mienne.
Vraiment?
Je me concentre sur ma lecture. Un instant, je lève les yeux à la dérobée.
Elle m’observait. Elle me sourit.
Une cascade de bouclettes brunes, des yeux au chocolat et un t-shirt corail.
Elle attend calmement. Je lui souris aussi, elle est irrésistible.

Papa se pointe à la table avec son café.
– Voilà ton gâteau ma Princesse.
Il dépose devant elle une énorme part de « red velvet » à trois étages.
Vraiment?
À 8h30 le matin? « Rush » de sucre imminent…

Un accent français craquant.
– Merci Papa, il est beau!
Une petite main pique la fourchette dans le gâteau.
Elle offre la première bouchée à son père.
Il lui fait signe, toi d’abord.
La petite Princesse ferme les yeux, mâche doucement.
Elle met une main sur sa poitrine.
– Oh mon Dieu, il est tellement bon!

Dans ce café tranquille sur trame sonore de musique d’ascenseur, le temps s’arrête pour elle. Pleine conscience.
Papa se lève pour aller chercher un verre de lait.
Il fait tomber une chaise. Un bruit immense dans un café vide. Il la relève.
Il prend un air penaud.
– Oh là là, Papa fait des bêtises.
La petite sourit, indulgente.
– Ça va Papa, c’est pas grave.

Chaque bouchée est savourée, lentement. Ils ont tout le temps.
Dans la grisaille, ils sont lumineux. Complices. Heureux.
Je rassemble mes effets, me lève.
La petite me sourit à nouveau. Papa aussi.
– Vous êtes beaux. Vous ressemblez au bonheur. Merci d’avoir mis de la couleur dans mon mardi matin.
Papa et sa Princesse échangent un regard complice. Ils sourient.
– Ah ça c’est gentil, merci.

Ils ont choisi la table à côté de la mienne.
À 8h30 un mardi matin.
Ils ont mangé du gâteau.
Délicieux bonheur.
En arrêtant le temps.
Vraiment?
Absolument.

Et c’était parfait.

Le passage du temps

Le passage du temps
me rend vulnérable
me fascine
mon corps les ressent
indéniables changements

Quand j’en éprouve le courage
je m’observe
je me détaille
je remarque mes failles

Je ne suis pas toujours certaine
de qui je suis
comment je vais
si je m’aime

J’oscille entre le découragement
l’espoir
la nostalgie
l’empathie

J’aimerais me prendre
dans une étreinte
un câlin
me bercer et me dire
tu vas bien

Mon regard voyage sur mes émotions
l’étonnement
la douceur
la déception à l’occasion

Quand je me sens forte, je me réconforte
« compte tes bénédictions
accepte les opportunités
apprends à dire non »

Ma tête entre dans la discussion
« en fais-tu assez?
il te faut plus d’objectifs précis
moins de distraction
plus de détermination »

Mon cœur, timide, murmure
« reviens à ton essence
cultive ta joie de vivre
continue de collectionner le merveilleux
tombe en amour avec toi

Aime-toi
pour qui tu es
avec ce que tu as
fougueusement
inconditionnellement
aime-toi »

Parfois on pleure ensemble
mon corps
ma tête
mon âme
mon cœur

Après l’ondée je me regarde à nouveau
plus légère, libérée
je me redécouvre
je m’apprivoise

J’inspire et j’expire en cadence
en pleine conscience
l’espérance
la confiance
je me tends la main
je serai ma meilleure amie
aujourd’hui –

– 100facon –

Il était un lit…

Il était un lit, un oasis. Un cocon chaud dans les premiers rayons de soleil du matin. L’endroit parfait où l’esprit peut doucement refaire surface et fusionner à nouveau avec son corps endormi. Un à un, les mouvements sous les couvertures rappellent qu’il faudra se lever bientôt mais pas tout de suite ! Peut-être y a t’il du temps pour y flâner avec un journal et un café ? Si c’était le moment idéal pour le déjeuner au lit ? Et pourquoi pas simplement rester couché sur le dos, les mains jointes derrière la tête, à regarder le plafond en refaisant le monde ?

Le lit du matin, le meilleur point de vue pour le spectacle d’ombres que la lumière dessine sur les murs lorsqu’elle filtre à travers les rideaux ou les stores. De là, comme sur une île déserte, on planifie devenir le héros de sa journée, le maître de sa destinée. Un point de départ duquel, ne serait-ce que quelques instants, tout est encore possible. C’est le silence dans la maison. Les oiseaux jasent et s’affairent depuis longtemps dehors, mais quel plaisir de faire durer ici cet état de grâce. Même les aiguilles de l’horloge tiquent plus doucement, soucieuses de ne pas déranger.

Pour le parent matinal, c’est le dernier espoir d’une tranquillité avant que le tourbillon de la réalité ne mette fin à la trêve ! Pour les amoureux, c’est un dernier effort à prolonger la nuit. Une étreinte de plus, en s’accrochant de toutes ses mains, de tous ses doigts, de tous ses bras. Pour l’enfant, c’est le retour du monde imaginaire, l’atterrissage dans la réalité et le décalage entre le monde et le merveilleux.

Le matin, faire le lit ? Quitter la chambre en jetant un regard sur les couvertures lissées, les oreillers et les coussins bien rangés, c’est la promesse du bonheur d’ouvrir à nouveau les draps qui, une fois le soir venu, seront prêts à nous accueillir dans une caresse méritée. Partir en laissant la douillette qui pendouille et l’espace en champ de bataille, c’est se rebeller à l’ordre, relaxer dans le chaos. C’est chez-moi, ma signature, mon royaume. J’y entre et j’en sors comme bon me semble, c’est ma paillasse après tout !

Il était un lit un jour de pluie. Un jour béni où le temps permet la gâterie la plus sublime de toutes ; la sieste. Une délicieuse parenthèse. Le droit de suspendre le cours de l’existence dans un effort de refaire le plein d’énergie. Le temps de se cacher ou de se sauver d’une journée trop chargée. Le temps de se dire «je t’aime et tu le mérites». L’aventurier ouvre la fenêtre pour entendre la symphonie des gouttes sur le toit, sur le sol, sur la vie. Alors là seulement devient possible de se couvrir du parfum unique de la nature mouillée, parfum qui enivre et ravive des souvenirs de jeux d’enfants. Les couvertures sont enveloppantes, rassurantes. Les oreilles remplies de clapotis et les yeux lourds, la dérive est accueillie avec un sourire léger qui s’estompe au même rythme que le cœur qui décélère. Seul, à deux, en famille. La sieste un jour de pluie est un plaisir coupable dont la rareté crée la valeur. Le lit devient complice du luxe.

S’étendre sans défaire le lit! S’étirer à loisir en écoutant la nature déverser son torrent et se perdre dans ses réflexions. Exister pour une heure, laisser son imagination vagabonder et changer de direction à chaque coup de tonnerre. Devenir l’étoile au milieu d’une mer d’édredon, s’échouer à plat ventre sur une plage de flanelle, ou se recroqueviller confortablement et ronronner de satisfaction.

Il était un lit un soir d’été. Pendant que le brouillard du sommeil envahit le cerveau, la logique confuse hésite à rejoindre la douceur des draps puisque les dernières lueurs du soleil n’ont pas terminé de se perdre dans la nuit. L’appel est invitant. Le lit n’est vêtu que de son plus léger coton, partenaire idéal de la brise du soir. Une fois le rideau tiré, la pénombre invite au calme. Dehors, la symphonie nocturne est bien entamée. En vedette, grillons, grenouilles et dernier chants d’oiseaux. Peut-être le crépitement d’un non loin feu de camp transportant avec lui des effluves de bois fumé et des discussions feutrées.

Le soleil passe éventuellement le flambeau à la lune. Les dernières bouffées de chaleur sont sortent du béton et de la terre. La rosée se dépose offrant une fraîcheur, invitant au sommeil profond. Entre la seconde la plus noire de la nuit et celle d’où le bleu jaillira de nouveau dans le ciel, le mouvement de la légère couverture devient imperceptible. En haut, en bas, au rythme lent de la respiration la plus près de l’état de grâce.

Une nuit torride de canicule. Pas un souffle de vent. Les bestioles se taisent, écrasées par la chaleur. Où trouver le confort alors que chaque centimètre du corps cherche l’air frais disparu ? On ose à peine bouger de crainte que l’effort accentue l’inconfort. Lin ? Soie ? Satin ? S’étendre sur les draps, immobile. La nuit s’allonge entre les instants d’insomnie et les rêves de désert torride ou de saison enneigée.

Il était un lit un soir d’hiver. La couette est aussi lourde que le manteau blanc recouvrant la terre. Les courtes-pointes s’empilent avec les oreillers pour créer l’igloo protecteur des longs mois à venir. Les pieds nus trépignent sur le plancher froid alors que les mains s’affairent à créer l’espace parfait pour le dormeur frissonnant. Dehors la tempête fait rage. Le vent hurle aux fenêtres et craque les joints de la maison. Les stores baissés cachent le grésil qui claque en s’abattant sur les vitres, mais le son suffit à rappeler combien on gèle dehors.

Oh, les premières secondes où la peau entre en contact avec les draps froids ! Et l’attente immobile, en retenant son souffle, que le cocon et le corps s’apprivoisent et se tempèrent. Sans électricité, à la lueur d’une chandelle, c’est un grand bonheur d’ouvrir son roman préféré et de s’évader le temps de quelques chapitres. À deux, le lit d’hiver permet de s’enlacer longuement et confortablement. Les étoiles qui scintillent sur la neige fournissent l’éclairage parfait pour la confidence ou la discussion chuchotée sur l’oreiller. Les parfums se mêlent, l’espace se partage, le nid douillet se réchauffe. Des bruits de pas sur le plancher! Un cauchemar transforme le canot tandem en radeau familial. On se cajole, on se rassure, le temps d’une berceuse. Le poids des couvertures opère sa magie et apaise les corps. La respiration profonde s’allonge et ne restent bientôt que les enveloppes physiques alors que les esprits voyagent au pays des rêves.

Il était un lit dans le plus noir de la nuit. Un lit pour s’abandonner en toute vulnérabilité. Où se déposer, où se reposer. Un lit régénérateur de vie, d’énergie. Allez ! Au lit !