Partir en voyage, revenir Ironman

J’arrive à peine à réaliser qu’il y a maintenant une semaine, Mike Reilly m’annonçait devant la foule survoltée du Ironman de Lake Placid « Nathalie Sanfacon, you are an Ironman ! » L’idée s’installe tranquillement au fur et à mesure que les courbatures et les inconforts s’estompent. J’ai fait ça. Moi. Je suis une Ironman. La question qui m’a le plus fait sourire depuis est inévitablement « Combien de temps ça t’a pris ? » La réponse la plus courte et la plus facile serait une série de chiffres, des heures suivies de minutes et de secondes. Mais j’ai pris le temps qu’il fallait, et c’était parfait. Car au delà des nombres, il y a une grande histoire.

Il était une fois une fille bien ordinaire. Elle avait l’air tout à fait normale avec son travail, son mari, ses enfants. Juste une mère comme les autres jonglant au quotidien avec l’horaire d’une vie familiale bien chargée. Personne en la croisant à l’épicerie n’aurait pu se douter qu’elle menait en fait une double vie depuis 4 ans et demi. Et pourtant.

Tout avait commencé par une simple question posée lors d’un souper par celui qui allait devenir mon coach et mentor pour les années à venir. Mon conjoint était déjà inscrit à son premier demi Ironman à l’époque. « T’aurais pas le goût de faire ça avec ton chum ? Je suis sûr que tu en serais capable.» Je me souviens de l’accélération de mes pulsations et du sentiment d’être en train de sauter sans parachute lorsque le courriel de félicitations pour mon inscription est entré dans ma boîte de réception quelques semaines plus tard. Moi, la fille qui n’avait jamais nagé et qui ne possédait plus de vélo depuis l’adolescence, je venais de me catapulter à des années lumières de ma zone de confort. Je venais d’ouvrir la porte d’un monde parallèle qui allait transformer ma vie.

C’est dans cet univers que j’allais passer des heures à m’entraîner, souvent pendant que la ville dormait.

C’est là que j’allais vivre mes plus grands moments de doute et de crainte mais aussi mes plus douces satisfactions et grandes réalisations.

J’y rencontrerais des super héros qui m’aideraient à bâtir mon expérience et ma confiance. J’y entendrais aussi sans les écouter ceux qui tenteraient de me faire croire que je n’avais plus de vie, alors que je ne m’étais jamais sentie aussi vivante. Je n’ai pas fait de sacrifices, que des choix.

C’est dans cet espace greffé à mon quotidien que les jours deviendraient des semaines, des mois puis des années pour transformer une fille ordinaire et craintive en Ironman. Un monde parallèle extraordinaire duquel je suis en vacances pour l’instant mais dont la porte n’est définitivement pas fermée.

Combien de temps prend la préparation pour un tel événement ? Plusieurs vous répondront entre 10 mois et une année. Spécifiquement, peut-être. Pour ma part, ce sont 4 années et demie remplies par deux triathlons sprint, deux olympiques, trois demis Ironman, plusieurs courses de différentes distances et d’innombrables heures d’entraînement. Ce sont des années d’accumulation de souvenirs, de sentiments liés à des images très précises ramassées au fil des endroits visités. En douceur, graduellement, avec patience. Il y a un dicton qui avance que pour connaître vraiment une personne il suffit de partir en voyage avec elle. Toutes ces années passées à parcourir l’univers du triathlon aura été la plus belle façon de me découvrir. Je suis partie en voyage et je suis revenue Ironman.

Ce que j’ai le plus de difficulté à faire pour l’instant est de raconter la journée même de l’événement. Elle a été aussi difficile et merveilleuse que prévue, dans un décor à couper le souffle. J’en ai rêvé pendant des mois, je l’ai visualisée et planifiée quotidiennement durant les dernières semaines, et elle s’est passée exactement comme j’en ai eu envie. Je n’ai pas encore le goût de la décrire en mots. C’est une montagne russe d’émotions différentes d’une heure à l’autre et je crois qu’il fallait la vivre pour en saisir l’intensité. Tous mes sens sont encore émerveillés.

Il me reste aujourd’hui une gratitude sans fin pour tous ceux qui ont fait partie de l’aventure. Mes amis, ma famille, ma chiro, ma nutritionniste, l’équipe de mon bike shop, mes incroyables partenaires d’entraînement, mon fidèle coach au grand cœur, mes extraordinaires et généreux enfants et par dessus tout, le meilleur complice dont on puisse rêver pour vivre toutes ces péripéties, mon grand amour de chum. Il me reste aussi un bout de film qui me revient en mémoire à tout moment de la journée. J’avance sur un tapis rouge avec une grande arche au bout, de la musique rythmée joue à plein volume, des lumières brillent sur une foule bruyante au milieu de la quelle se trouvent des visages connus que je suis folle de joie de retrouver. Puis, la fameuse voix annonce «Nathalie Sanfacon, you are an Ironman Nathalie !»

 

4 réflexions sur “Partir en voyage, revenir Ironman

  1. Félicitations, c’est une superbe réalisation! Je n’ose pas croire que j’en ferai tout autant… mais après 2 sprints, 3 olympiques (bientôt un 4e) et un 70,3… il se passe sûrement quelque chose dans mon subconscient 😉

  2. Lyne Provemcher

    Wow felicitation !! Quelle accomplissement!!! Domage que j’ai commencer la course depuis 2 ans deja 51 ans pour moi alors ….j’aurais aimer me realiser autant que toi !! Felicitation encore !! Je ferai quand meme mon deuxieme demi marathon cette été!! 🙂

  3. Au régime !

    Magnifique, bravo !!! J’en suis encore aux triathlons S et XS et mon objectif est de finir un M. Mais une fois le M achevé.. qui sait ? 😀 Bravo à toi !!
    Lya.

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